Quel soulagement après les moments difficiles vécus en 2013! Cette succession de millésimes si différents fait de Bordeaux un lieu unique où l’on peut à la fois s'appuyer sur l'expérience sans avoir la tentation de pouvoir la répéter! Qui plus est en 2014 le nouveau chai de Norman Foster nous a ouvert les yeux sur de nouvelles possibilités, et montré la voie d’autres expérimentations qui vont nourrir les progrès des prochaines années. Un nouveau chapitre vient de commencer, et nous avons eu la joie de l'ouvrir dans l'euphorie de vendanges sereines et faciles! En 2014 nous sommes revenus à des quantités -presque- normales, certes supérieures à 2013 mais pas encore au niveau que nous souhaitons atteindre vu l'état du vignoble; de gros efforts méritent sans doute d'être réalisés pour améliorer le rendement de quelques grandes parcelles. Comme d'habitude lorsque les conditions ne sont pas celles d'un grand millésime, l'écart se creuse entre les meilleurs terroirs et les autres, qui n'ont pas pu, malgré le magnifique mois de septembre, complètement rattraper le retard accumulé en août. Seule notre emblématique parcelle de merlot de l'Eglise a pu rejoindre le premier vin, ce qui ne représente que 5% de merlot dans l'assemblage... mais elle est superbe et compte parmi les meilleures réussites de ces dix dernières années. Tous les grands cabernets sauvignons sont à leur place, c'est à dire la meilleure! Ils assurent 90% du premier vin. 3% de cabernet franc et 2% de petit verdot complètent cet assemblage somme toute classique ces dernières années. Château Margaux 2014 correspond à 36 % de la récolte, le noyau dur de la grande qualité. Il est probablement illusoire d'imaginer aller au-dessus, et tout aussi dangereux de descendre en dessous, car chaque constituant est à ce stade nécessaire à l'équilibre de l'ensemble. C'est un vin puissant, charnu, dont les tanins soyeux font presque oublier la très grande concentration et la belle acidité. Il ne fait pas partie des plus grands millésimes de ce siècle -2000, 2003, 2005, 2009 et 2010- mais peut certainement prétendre se situer juste après. (Octobre 2018)
Margaux
Conditions Climatiques
Après un hiver très doux et pluvieux, sans aucune période de froid notable, le printemps a été "normal": un mois de mai plutôt frais et de juin assez chaud, de telle sorte que la floraison s'est déroulée aux dates habituelles et dans des conditions très favorables; elle a donc été rapide et homogène, contrairement à l'année dernière.
Le mois de juillet n'a pas apporté de grande surprise; en revanche, le mois d'août a été particulièrement frais, sans doute l'un des plus froids que nous ayons connus récemment. Ces températures basses ont dû gêner le bon déroulement de la véraison, qui a beaucoup traîné en longueur. Heureusement il n'a pas beaucoup plu, mais à aucun moment, en juillet comme en août, une véritable sécheresse ne s'est installée. Comme il arrive si souvent à Bordeaux, tout restait possible à la fin du mois d’août, aussi bien la perspective d’un très bon millésime que celle d'une année médiocre... Le temps vraiment estival de septembre a apporté la réponse que nous espérions: la chaleur et la sécheresse ont permis aux raisins de parfaitement mûrir et aux vendanges de se dérouler dans des conditions optimales. Tout le contraire de ce qui s'était passé en 2013... Les vendanges de blanc se sont déroulées du 15 au 19 septembre, celles de rouge du 29 septembre au 10 octobre.