Depuis quelques années, les grands et les très grands millésimes se succèdent, apportant certainement la preuve que – au moins jusqu’ici – les conditions climatiques sont devenues particulièrement favorables à la maturation des raisins de cabernet. Mais il ne faut pas oublier que ce succès est aussi le résultat d’une sélection de plus en plus rigoureuse : en 2006, à peine 36% de la récolte est rentrée dans le premier vin, ce qui ne fera plus qu’un petit tiers au moment de la mise en bouteilles, après l’inexorable perte des vins de lie à chaque soutirage …
Un seul petit lot de merlot, au demeurant remarquable, a finalement rejoint l’assemblage, mais il n’en représente que 4%… C’est la première fois que nous en avons aussi peu. Le petit verdot (4%) et le cabernet franc (2%) tiennent leur rang ; ils apportent l’un et l’autre un supplément de complexité difficile à définir, mais sans doute indispensable à la personnalité des vins de Château Margaux.
Les cabernets sauvignon occupent donc presque toute la place : 90% ! Ils donnent au 2006 une finesse aromatique hors du commun, une richesse tannique qui ne le cède qu’au 2005, et une texture particulièrement dense et serrée. La finale est très longue, vive et fraîche, un peu ferme mais déjà si savoureuse…
2006 est donc un grand millésime de Château Margaux. Bien sûr il n’est pas 2005, ni 2000 ; ceux-là sont exceptionnels… Mais il possède à la fois la grâce et la pureté de 1996, la fraîcheur si classique de 2004 et la puissance envoûtante de 1986 ou 1995. Un tel équilibre exprime avec éclat la noblesse du terroir de Château Margaux mais demande aussi un peu de patience. Nous recommandons de l'attendre encore quelques années. (Octobre 2018)
Margaux
Conditions Climatiques
Après un hiver plutôt froid, particulièrement au mois de février, mais heureusement plus humide qu'en 2005, le printemps a été tellement sec que nous avons presque commencé à craindre le manque d'eau. Mais ce serait oublier à quel point la vigne est adaptée à la sécheresse, et surtout que les grands terroirs savent si bien amortir de tels excès. Par contre la gelée du 11 avril a pris en défaut notre système de protection antigel de Virefougasse, la parcelle qui produit le Pavillon blanc, et sérieusement réduit son rendement potentiel...
La floraison s'est déroulée dans d'excellentes conditions, et laissait présager une vendange rouge de quantité moyenne à une date très proche des deux années précédentes.
L'été a ensuite été chaud, même caniculaire pendant la deuxième quinzaine de juillet, puis un peu plus frais en aout. Il a surtout été plutôt sec : il a moins plu en juillet/août que pendant la même période en 2003 ! Le mois de septembre a présenté les contrastes habituels : très chaud et sec pendant les dix premiers jours, puis doux et humide jusqu'au début des vendanges, suffisamment sec ensuite pour vendanger sans hâte. Ce scénario ressemble étrangement à celui de l'année 1996, qui a connu les mêmes pluies estivales, la même période très favorable à la fin du mois d'août, et exactement la même pluviométrie du premier septembre à la fin des vendanges... (Vendanges le 19 septembre)