Nous aurions pu nous attendre, eu égard aux conditions climatiques extrêmes de l'été à un nez plutôt chaleureux, marqué par des arômes de fruits très mûrs, noirs, voire rôtis; mais ce sont les fruits rouges, la fraîcheur, la pureté, qui sautent littéralement du verre. On retrouve même, comme en 96 et 2000, une double note florale et légèrement épicée qui s'insère avec bonheur dans ce cocktail très complexe, où le bois neuf s'est d'ailleurs déjà totalement intégré, comme « digéré » par la matière du vin.
Et quelle matière ! Nous savions bien sûr que tous les vins étaient extrêmement concentrés. Il faut dire, qu'à la chaleur de l'été s'est ajouté –si l'on peut dire…– un très faible rendement, mais l'assemblage, renforcé par un excellent vin de presse, possède une densité qui n'a presque pas d'équivalent parmi les millésimes récents. Cette densité donne au vin non seulement puissance et force mais aussi profondeur et longueur, et surtout une texture tannique si serrée qu'elle en devient soyeuse.
On a beaucoup parlé, cette année, de l'acidité et de ses mystères. Il est vrai que rarement les raisins ont été vendangés avec une acidité aussi basse qu'en 2003 et pourtant nous nous retrouvons aujourd'hui avec une acidité totale exactement dans la moyenne des 20 derniers millésimes. Ce millésime aux conditions que l'on a crues extrêmes aura finalement accouché d'un très grand classique ! Bien que voué à un superbe avenir, on peut déjà commencer à en ouvrir les premières bouteilles, à condition de bien les décanter. (Octobre 2018)
Margaux
Conditions Climatiques
2003 est un millésime très précoce marqué surtout par une exceptionnelle chaleur estivale. De telles conditions – que l'on a parfois qualifiées d'extrêmes – ont suscité beaucoup d'interrogations et parfois d'inquiétude, mais les plus grands terroirs ont remarquablement su tirer leur épingle du jeu en assurant au raisin une maturité parfaitement équilibrée.
Les vendanges ont commencé le 10 septembre, comme en 1989, qui était l'année la plus précoce depuis 1893.